vendredi 5 décembre 2008
Maintenant
J'ai pensé à voyager léger, et dormir dans des terriers comme à passer les frontières à pied. J'ai pensé des coins improbables où personne n'imagine la vie, j'ai pensé Narbonne pour tout dire, Narbonne ou l'Estonie, qui viendrait me trouver là-bas ? Qui, pour une quelquonque raison, se dirigerait vers Narbonne avec des idées, je veux dire dans une cohérence de pensée ? Eléonore, c'est bien l'Estonie pour s'y planquer ? Il y a des avions pour les îles en Estonie ? Dites-moi, si je trace de Narbonne en Estonie puis direction Bora-Bora, n'aurais-je pas déjà payé une dette certaine à la société ?
Vous avez aussi cassé la gueule de mon patient, remarque Eléonore. Vous êtes pressé, mais je ne comprends pas pourquoi. J'ai de la difficulté à vous imaginer improvisant quoi que ce soit.
C'est vrai, soupire Eric. Tout était si bien. Bora-Bora, la pipe, le fric pour s'y rendre et la justice qui cavale, c'était vraiment apaisant. Et puis en sortant, je me suis dit, mais vous savez comment c'est, on veut toujours en faire plus, bref, je me suis dit, mieux que me faire sucer à Bora-Bora, je pourrais me faire sucer par Sophie à Bora-Bora. Je suis là pour ça. Sophie. Je l'emmène.
Mais non, Eric. Sophie est fiancée. Avec un type un peu à la ramasse. Mais fiancée. Eric. Vous allez casser la gueule au monde entier ?
C'est tout le problème. Eléonore, c'est tout le problème.
vendredi 7 novembre 2008
Où l'auteur s'emmerde très fort en rentrant du Memphis
Bien. Développons pour une fois. Je veux dire, je serais vachement déçu si tu pensais que je suis le genre de type pas mal superficiel. Alors j'explique (en trois temps, parce que je fus scolarisé).
1) Pourquoi ne pas se réjouir ?
Parce que les autres le font. Parce qu'un noir ou un blanc, ce n'est rien. Ça ne signifie rien. Parce que ça fournit de la matière à des quintaux de bruit inutile (tu imagines, sérieusement, pour combien de temps on va en bouffer des analyses, des coulisses, des rétrospectives, des histoires secrètes de ?) Parce qu'il n'y a rien de nouveau, à part ce qui justement, n'est rien ? (t'as vu comment je recoupe mes analyses ?)
2) Pourquoi tout est tellement chiant ?
Parce que tout est écrit. Tu ne te réjouis pas ? Tu fais partie des râleurs. Tu te réjouis ? Tu fais partie des naïfs. Obama va décevoir ? On s'ennuie déjà à parcourir ces longs éditos qui démontreront que puisqu'il déçoit, c'est qu'il est justement à l'égal des autres, ce qui sera - forcément - sa plus grande victoire. Et s'il est assassiné ? On en prend pour trente ans. Trente ans de commémorations et de figures imposées, trente ans d'anniversaires. A expliquer à ses enfants qui il était. Des noms de rue et d'écoles. Des films. Des théories. Sérieusement, tu connais plus chiant que le mythe Kennedy ? Alors.
3) Mais que faire, bordel ?
Ne rien penser.
Je serais néanmoins chagriné que tu t'imagines que je m'inscris dans une sorte de posture désinvolte au long cours, afin, je ne sais pas, de paraître vaguement intrigant auprès des filles aux seins opulents sous leur pull en laine et d'ainsi pouvoir baiser en rentrant du Memphis.
Chagriné je serais.
Tiens, pas plus tard qu'il y a deux semaines, je me suis longuement enthousiasmé pour la victoire du PSG au Vélodrome. Le Guen qui joue offensif, c'est autre chose qu'un président noir. Le 4-3-3 peut avoir du panache.
dimanche 2 novembre 2008
Où l'auteur, à bout de force, admet enfin qu'il a une petite bite
vendredi 10 octobre 2008
Et tu ne peux plier
lundi 6 octobre 2008
Elude des templiers
Son frère grandit à Rennes, entre la Leffe et les AG. Parfois il hausse un sourcil et te considère avec la compassion de l'oreille au moustique vrombissant. Il rejoint le FN en 1996. C'était quelque chose. Nous étions étudiants. Je veux dire que nos discussions, aussi enflammées que nous aimions le croire, n'étaient que des spirales décroissantes. Aussi éloignés que nous pensions l'être, nous finissions par nous entendre sur, plus que l'essentiel, l'ensemble. Nos désaccords étaient de simples nuances, de la sémantique appliquée aux descentes de houblon. Nous étions étudiants, et c'était assez pour mourir ensemble. D'accord sur, finalement, tout. Alors il s'engage au FN. Et c'est vraiment quelque chose. Car l'homme qui nous fait face n'est plus des nôtres. N'est plus étudiant. Est le mal.
Que pense-t-il des races ? pardon, des ethnies ? Rien. Il nous observe, l'oreille, le moustique. Peine de mort, chambres à gaz ? Son regard coule le long de ses doigts. Se détache de nous, d'Arwen. Pépito meurt, il part en ratonnades. Des nuits de violence maussade, à tabasser ce qui traîne. Prend du galon.
N'existe plus. Disparu de l'entre-nous. Parti là d'où ne reviennent plus que des épaves d'hommes, bouffis des réponses faciles qu'offre la haine de toute chose.
Arwen considère le rien qui fait sa vie depuis la mort de Pépito. Ce n'est pas tant un homme qui les aime qu'attendent les femmes. C'est l'homme qui ajuste son orbite à leur gravité, la morsure à leur plan d'existence, la crispation de leur mâchoire à ce qui fait d'elle l'indivisible nécessité. Ce n'est que la passion, mais c'est ce pour quoi nous souffrons et espérons avoir vécu. Pépito est mort en passion. En cette période qui ne tolère rien sauf l'autre et qui fait de nous des animaux nuisibles. De fait, Arwen ressent de l'amour vide. Des artères violacées et des coroles pantelantes. Voilà le suicide permanent que s'imagine vivre Arwen, dans sa tragédie d'héroïne déclassée, dans son ratage d'espérance. Dans ce rien qui fait le tout des connes. Et qui s'étend, fume des Bensons sur les escaliers trempés, patientant l'impossible.
Alors Arwen, lassée de vivre comme une absence, car l'absence ne souffre pas le rapport constant aux autres, les relevés de compteurs d'eau ni les régimes d'été, Arwen se dit qu'il est bien temps de revivre et d'aller au monde comme on va en course. Arwen se décide à revivre les temps héroïques d'elle-même.
Le regard de son frère continue de couler le long de ses doigts.
Le frère d'Arwen contemple ce qu'elle-même attribue au néant.
Ce rien d'existence, qui fait sa fierté imbécile de veuve stellaire. A la peine minérale. Si vite abreuvée.
mercredi 30 juillet 2008
Etude des peupliers
On m'apprend pas mal de trucs dans la famille, je me sens très proche du déversoir et d'en adopter la résignation concave, mais enfin, ce n'est pas comme si tout était tellement surprenant. Oui. De façon très malheureuse, je ne consens pas à m'y intéresser, lorsqu'ils me lâchent quelque énormité en désinvolture, et attendent une réaction, une surprise et de l'indignation. Je n'ai pas une vie si pleine, qu'elle ne puisse se résumer en quelques lignes, et parfois je la rejoue en murmurant ce qui a foiré et je distingue vaguement ce qu'il y a de génétique et ce qu'il y a de mes manquements singuliers à l'empathie et je me dis toi tu as bien fait de m'oublier et toi tu as bien choisi de m'enterrer, figures heureuses que vous autres qui me permettez par les soirs de chaleur de m'apitoyer un peu. Il suffit maintenant de quelques minutes pour rejouer les moments-clés de mon passage, d'en évaluer les variations et d'en mesurer l'insignifiance. Car plus que l'ombre dans la tienne, j'ai cherché à me passer de toi. Car plus que tes volutes, tes secrets, ton silence, ton absence massacrante, j'ai cherché ta bêtise et tes postures, et l'infini écoeurement qui gravite en ton odeur, en tes mots qui ne sont rien qu'une petite recherche de soi, et j'en suis compassé, et j'en ricane bêtement de ce que tu n'es plus grand chose.
samedi 26 juillet 2008
Avant
Vous êtes 2,3% (moyenne annuelle) à le faire. Mon entreprise aurait été rentable à 1,7%.
Mais s'il suffisait de cliquer sur un bouton pour que je me fasse sucer 8 mois par an à Bora-Bora, vous le feriez ? C'est tout le problème.
Je m'appelle Eric. J'ai laissé crever des petites bêtes larmoyantes pour me faire sucer à Bora-Bora. C'était le projet. 870 000 euros bloqués sur des comptes un peu trop visibles. C'est comme ça, je ne me suis pas vraiment caché. Je me suis acharné pendant des mois à trouver un business-model cohérent, j'ai louvoyé entre les banques et les aides publiques, j'ai rassuré les investisseurs à coup de viennoiseries et de powerpoints destructurés, mais au moment de couillonner tout le monde, j'ai simplement pris l'argent. Mon associé s'appelle Alex, il ne comprend pas. Il ne comprend pas le mal ni la désinvolture. Je lui ai dit : je m'ennuie Alex, je veux filer à Bora-Bora. Alex dit : je comprends pas. Il m'observe. Alex m'observe pendant plus de deux minutes. Il cherche une solution, deux minutes pour une éternité de reflexion, avant de lâcher : tu as juste été négligent, l'argent est toujours là. Tu as été négligent, Eric.
Je m'ennuie Alex, je m'en vais. Je pars avec l'argent.
Tu peux pas. Il dit tu peux pas, avec le certitude de contenir la réalité en trois mots.
Au moment où je passe près de lui, Alex m'agrippe le bras. C'est tout le problème.
samedi 12 juillet 2008
1964
Bon, je croyais que c’était moi qui vous intéressais. Que vous faisiez des manières, planifiant de savantes approches et tout le bazar ; alors j’ai pas trop réfléchi. A votre histoire.
La fille renifle, avec un air pas mal agacé.
Non, c’est sur votre père.
Oui. Ça vous intéresse vraiment ?
C’est mon travail quoi.
Bon, il est né vers 1964.
Reniflement.
Non mais je sais.
Vous savez quoi au juste ?
Regard compassé.
L’essentiel quoi. Naissance, dates marquantes, tout ça.
Et vous voulez… ?
Votre regard sur lui.
C’est bien moi qui vous intéresse.
Vous pouvez juste me parler de lui ?
Je peux. C’est un esprit supérieur qui se considère comme un esprit supérieur. Très chiant. Le genre de type qui passe sa vie à faire des blagues sur les juifs pour choquer les esprits chagrins.
Il n’est pas antisémite ?
Non. Vous pensiez ?
Non. Mais ça confirme, c’est bien.
Ce n’est pas forcément bien. Les pères antisémites sont généralement de bons pères, un peu stricts, mais soucieux de passer le flambeau. Ça crée des liens, par nécessité.
Ce n’était pas un bon père ?
Non, mais il vous faudrait une approche un peu moins cliché.
Je déciderai de l’approche.
Bien sûr, vous observerez les faits en toute impartialité et le chemin de la vérité s’illuminera pour vos lecteurs.
Vous ne me faites pas confiance ?
Vous avez décidé de le réhabiliter.
Si c’est nécessaire, oui.
Non, particulièrement si ce n’est pas nécessaire. Je pourrais vous le décrire comme la plus grosse chiure jamais engendrée, ça ne ferait que vous conforter.
Me conforter ?
Vous allez en faire un homme extraordinaire. Extra. Ordinaire. En dehors de. Nos misérables quotidiens.
C’est votre avis. En quoi ce n’était pas un bon père ?
Je n’ai pas dit qu’il vous fascinait. Je n’ai pas sous-entendu que vous étiez idiote. Mais on ne vend pas la vie d’un homme pareil aux autres. Il vous faudra de la matière.
Mauvais père, donc ?
Mauvais père, absolument. Détestable.
En quoi ?
En son amour immodéré pour My funny Valentine, d’abord. Imposer ces longues minutes d’ennui à ses gosses, c’est déjà lamentable. Ma sœur avait laissé la chanson tourner en boucle quand elle s’est ouvert les veines. Ah tiens, de la matière.
Je sais, pour votre sœur.
Mais vous ne saviez pas pour Valentine. Moi non plus. Je l’ai appris récemment. Vous feriez mieux de ne pas le mentionner, en fait. L’esprit supérieur pourrait culpabiliser.
Ce n’est pas mon problème.
Si, ça l’est. Culpabiliser, ça ne dure qu’un temps. Ensuite, il passera à l’offensive, contre vous. Intimidation, menaces, procès. Je sais bien que vous n’êtes pas réfractaire au scandale, du moins que d’autres vous encourageront dans cette voie. Mais il vous réduira en cendres. Ma sœur viendra sur les plateaux, et vous jurera dans les yeux que cette histoire est fausse. Succès garanti, mais crédibilité entamée. Vous finirez à pavoiser sur les hypothétiques cancers de vieilles gloires médiatiques, et vous détesterez votre vie.
Il a tant d’influence sur votre sœur ?
Non, mais comme toutes les petites filles qui ratent leur suicide, elle s’imagine que c’est un instant qui n’appartient qu’à elle. Vous avez déjà essayé de reprendre un os à un chien ?
Et sur vous ?
Karl soupire.
Enormément. Il adore les voyages, il aime traverser les étendues africaines et les bocages indonésiens, se pâmer en florentin et moquer les juifs en Espagne. Il s’imagine le soufre ardent de sa présence à travers le monde. Il s’imagine la découverte et les horizons, les déjeuners galactiques où il souffle aux dieux « mi casa es tu casa ». Et moi j’angoisse pour descendre bouffer au chinois. Vous pourrez en faire quelque chose.
dimanche 6 juillet 2008
Ground Control
jeudi 12 juin 2008
Plaçons des mots-clés judicieux et susceptibles d'attirer à moi le grand public d'internet : table basse, Danemark, aluminium
Mon incompétence dont je te rebats les couilles depuis quelques lustres ne m'aura pas sauvé de tout; ainsi, constatant ma sinueuse vacuité (en cela qu'elle s'infiltre au coeur d'une terre métonymique pour en avorter toute mosaïque globale, non je déconne, I mean, en cela que je suis farouchement déterminé à passer mes 35h aux chiottes), mes patrons, dans un élan qu'on peut qualifier sans peine de désespéré, m'ont confié des RESPONSABILITéS (je vais pas m'emmerder avec de l'ascii). La pensée, car derrière tout acte patronal se cache une petite pensée chiennasse, la pensée donc, pouvant être résumée ainsi : confions lui un vrai boulot chiant, et pis s'il foire on peut le virer tranquille, p'têt même qu'il va démissionner sous le poids infamant de l'échec, hmm ? Si tu veux m'en croire, les patrons sont de grands enfants.
J'ai échoué, hein. Mais pas tant que ça. Du coup, je suis considéré "en progrès". hihi. je me permets de rire sottement, parce que : "en progrès". hihihi.
Nonobstant, on s'en branle. J'ai voulu pondre, y'a peu, tout un méta merdier sur la nécessité de raconter sa vie par le travail. D'en parler. Comment un type résolument inerte comme moi peut éprouver ce besoin de parler de l'inintérêt (le travail) au coeur de l'ennui (my so-called life, homey). L'ennui a un intérêt, tu vois ? Et moi de partir sur un discours là dessus, de chapeauter mes tirades, de m'astiquer la syntaxe. Je te le dis : on est passé tout près du nihilisme.
C'est l'été quoi. On s'en branle des nécessités du discours. C'est l'été et j'aime toutes les saisons. Je me suis remis à déblatérer du récit à 2 balles, t'as vu. C'est maladroit, et je manque de temps pour soigner tout ça. Mais je le fais pour une raison heureuse : ça me plaît, ces fragments. Pas de description, tout à minima. Karl, Mina, Quinze, des trucs pas aboutis qui végètent en clairefontaine ou en word depuis des chiées. Je mets en place, mais il n'y aura pas de finalité, ni de cohérence (note que je cherche pas non plus l'abstrait, je laisse juste en bordel, comme mes calbuts dans l'entrée; c'est la place de l'écrit). Ah je me sentirais tiers-mondiste pour un peu. Mais je manque de coeur, ami.
L'été quoi. les vodka-menthes à ressasser d'innombrables naufrages oculaires en démontant le cul des possibles. c'est dire comme je suis en progrès. hihi. Pardon.
mercredi 28 mai 2008
Les six compagnons contre Al-Qaïda
Je suis la tante Jany, anglaise quoi. Bon, vous m’avez oublié mais j’étais là pour les faire-parts et les photos de vos premières gamelles en tricycles. Vous êtes grands. Vous êtes grands, touchons au but : je suis probablement votre mère. Ou alors ça s’est joué à peu de choses. Heureux ? Vous avez peu connu votre mère légitime, je crois. Peu importe.
Je suis revenue pour votre père, pour lui rendre l’enfer. Ma vie fut une merde sans nom, et j’ai décidé de le soumettre, en substance, à l’amertume. C’est considérable, comme les gens s’imaginent qu’on n'a qu’une vie et qu’il ne faut surtout rien regretter. Moi je regrette tout, et je maintiens que la vengeance me tient lieu d’étendard. Je vous préviens parce que vous êtes peut-être une subsistance de moi : je suis portée par la haine. Ce serait un peu long de vous expliquer, mais voilà : je tiens à ravager sa vie, d’en faire une braise moribonde, cimenter au néant chacun de ses pas. De fait, j’aimerais que le monde s’embrase à ma mort, et le monde ce n’est que lui.
La paille de Karl projette de courtes vagues d’oxygène dans l’azote diluée de son verre, tandis que Mina observe le clébard du patron qui s’échine à mordiller sa propre queue.
N’attendez rien, Jany, tante Jany, bien que vous imaginez justement ne rien attendre, je sais d’expérience que chaque mètre qui vous a rapproché de cette brasserie et de nous portaient en eux une attente, aussi inconsciente soit-elle, car personne ne se déplace pour rien, sauf Karl peut-être qui souffle dans sa grenadine comme les gosses mal élevés, Karl, fais un effort pour tante Jany qui a fait plusieurs kilomètres pour nous livrer son effroyable vérité de femme bafouée, Karl, c’est probablement notre mère, fais honneur à la haine qu’elle déverse en un monologue répété de longs mois et même, dites-moi si je me trompe tante Jany, de longues années, car c’est bien l’aboutissement d’une vie que cette litanie en souffrance, il vous manquait des spectateurs à votre fin, c’est un peu dur de finir seule et misérable sur scène, ça je peux le comprendre, mais n’attendez rien de Karl qui s’est déjà hissé contre tout, contre lui-même et contre les chiens, contre les plantes et contre son père, contre nous et tout ce qui n’aurait pour projet que d’exister, n’attendez rien de lui ni de moi qui vous pardonne car je m’en fous, j’ai des enfants et un mari qui m’attendent, des tonnes de linge et de bouffe qu’aucune mère aussi inattendue et soudaine soit-elle ne prendra à sa charge. Je vous pardonne pour le mal que vous croyez faire, tante Jany, je vous pardonne comme Karl vous condamne car il a déjà tout condamné.
Te voilà condamnée et pardonnée dans l’instant, maman Jany, souffle Karl dans son apnée magenta, vois comme le monde est désespérant de charité.
samedi 26 avril 2008
Je couche avec des filles, enfin une par une
Nonobstant la vigueur chimio-like qui me tient lieu de comportement, j'ai eu des problèmes. Enfin pas moi, évidemment, car tu connais de loin en loin ce que sont mes problèmes (la vaisselle et le dégraissage de la cuvette des chiottes), mais de réelles turpitudes qui font comme de petits tsunamis sur les plages de mes proches et viennent jusqu'à éclabousser mes facétieux edens intimes de cadavres indonésiens, ces enculés (les tsunamis hein). J'en ai perdu le goût de la clope au réveil, c'est dire comme j'en fus dévasté, c'est dire comme toute merveille auréale (j'ai cherché l'adjectif d'aurore, puis ça m'a cassé les couilles, pour finir je me suis dit que tu ne manquerais pas de t'esbaudir devant ce néologisme certes un peu freestyle mais délicieusement ghetto) se refuse peu à peu à moi. Le pire dans cette navrante péripétie fut l'insidieuse nécessité qu'on me signifia, d'effectuer un choix. Celui d'agir ou de ne pas agir. Je ne suis heureusement pas un mitterrandolâtre pour rien, aussi sus-je tirer partie de mon infinie confiance en la bêtise de l'autre pour décider céans de ne strictement rien foutre. Je suis retors hein putain. JE SUIS SACRÉMENT RETORS.
@+
dimanche 23 mars 2008
Un cri de haine lancé à la face du monde. Pas moins.
Bref, je me disais, c'est inquiétant. Si l'extérieur te conditionne à tel point que tu n'existes que par et pour lui, tu vas sacrément t'emmerder à ta mort.
Mais - mais ! - jeudi, j'ai enfin eu la démonstration qu'une identité un peu chiante se planquait sous ce corps amer. Figure-toi que je revoyais de la famille. Et que j'y fus aussi détestable qu'à l'accoutumée, c'est à dire aux confins de l'autisme et du désintérêt. Alors que je bosse ! Et que je devrais - si l'on suit la logique énoncée pendant pas moins d'un paragraphe - pouvoir tenir une discussion adulte sur le pouvoir d'achat ou la météo qui s'entête à respecter les quotas de giboulées. Donc, et c'est la morale de l'histoire, bien que fluctuant social, je reste un gros con amorphe. J'ai eu peur. Un instant.
samedi 15 mars 2008
Quinze en abbesses
Quinze n’a jamais obtenu de réponse. De réponse sérieuse. Sa mère lui répète que « c’est venu comme ça », et « ça nous a plu ». Et puis, souligne-t-elle à regret, tu t’appelles aussi Germain, « au cas où ». Elle finit toujours par allumer une clope, hausser les sourcils comme pour marquer une suspension de séance. C’est qu’elle n’a pas de compte à régler, Quinze c’est très joli, original, voilà.
Quinze a des milliards de comptes à régler, aussi s’affale-t-il sur un banc anti-clodo, ceux qui se penchent vers le marginal et lui soufflent « Tu dors pas ici, toi ; tu dégages ». Des milliards de comptes à régler, et Sophie Bofmann sera la première, qui est à la bourre. Station Abbesses, 13 heures. Et il est 13 h 30. Bordel.
Bofmann, déjà. Ça vient de Baufmann ? Changé pendant la guerre ? Quinze est sensible aux valeurs patronymiques et Bofmann, ça peut pas exister. Boffmann, à la rigueur. C’est un complot, le mec au prénom improbable qui saute la fille au nom qui n’existe pas. Quinze et Bofmann, ça fait des emmerdes. Pourtant, Sophie est pas chiante, c’est pour ça qu’il s’est attardé sur elle. Elle frappait à sa porte, il a ouvert vaguement exaspéré, elle a dit comme en s’excusant : « Bonjour, c’est quoi la musique ? » C’était, bah c’est Death in Vegas, que j’ai mis un peu fort, désolé, mais y’a du bruit en bas. On fête un anniversaire, qu’elle a justifié. Ah bon, c’est vous. OK. Vous voulez venir ? qu’elle a proposé. Pas chiante, Sophie Bofmann. Une fille sans manière, décrit-il, sans savoir si c’est bien. Si c’est bien, ou pas. Tout ça. Elle est pas moche. Pas chiante. Quinze a fantasmé de longs mois sur une rousse croisée au Memphis. Le Memphis, encore un nom de merde. Mais la rousse était excitante, une sorte d’élégance enroulée, dans l’oscillation des bras qui brassaient ses ondulés vénitiens. Et des nibards, mon gars. Bofmann est pas chiante, mais elle n’est pas le fantasme coulé d’une boîte pourrie. Elle n’est pas le songe en bordure de périph’, quand les potes vous laissaient catatonique de l’échec. La rousse, ce n’était pas qu’une branlette, c’était un destin possible, du moins admissible, l’infinitésimale probabilité d’une apogée. Sophie Bofmann est en retard.
Le bonheur, on s’imagine en avoir le goût jusque dans sa simplicité. Pour Quinze, ce serait des crêpes en bar breton, les pieds dans le goémon et les rentrées tardives à
Comment c’était ? Satori ? Sasori. Ouais, Sasori. Le personnage était attachant, Quinze l’avait soumis à l’approbation de Sophie Bofmann, il lui avait expliqué, Sasori ne supporte pas le retard, tu vas comprendre pourquoi. Mais Bofmann n’avait pas compris. Elle ne s’intéressait pas aux mangas. Quinze avait insisté, Sasori valait une soirée, il était important qu’elle contemple le marionnettiste ponctuel, ponctuel névrotique. Et tout s’expliquait sur les dernières mesures d’Hakubo, alors qu’il se laissait mourir. Sophie Bofmann, qui n’était jamais chiante, s’était montrée passivement obstinée ce soir-là, à ne pas comprendre.
Une bouffée de haine envahit Quinze, une violente pulsion de mort à l’endroit de cette fille au nom inexorable. Il n’y pas de choix. La rousse, c’était ce vers quoi je tends, les pas vasifiés dans les algues, ces gros seins à malaxer. Ailleurs, c’est le néant. Je m’appelle Quinze, putain. Je m’appelle Quinze parce que c’est original. La seule question étant : qui de ma mère ou de moi s’enorgueillit de cette solitude calendaire ? Qui paradait auprès des copines, des collègues, des tantes, portant ce morpion de chair qui ne se distinguait des grouillants brailleurs que par son nombre ? Répondre à cette question, c’était répondre à tout. C’était reconnaître à Sophie Bofmann son statut d’alternative crédible, à l’idéal vénitien ou au néant. C’était pardonner au néant. Je baise le néant. Je baise le néant, murmure Quinze en partant.
samedi 8 mars 2008
now I'm rrrreally unimpressed
Les gens étant décidément trop cons, Arwen reporta son affection sur son petit frère, un garçon plutôt médiocre dont il n'y a rien à dire. Elle comprit l'empressement cardiaque qu'ont les dépressifs d'exister à jamais pour - ne serait-ce qu' - une personne. Quelques années plus tard, elle rencontra un type qu'on appellera Pépito pour la déconne. Pépito était une forme première de la racaille d'aujourd'hui. Un garçon qui traînait avec des potes et qui concevait la vie comme une succession de halls d'immeubles qu'il faudrait comme immortaliser avec sa pisse. Le destin étant farceur, Pépito aima. Je veux dire, vraiment amoureux. Jusqu'à se recréer de l'envie, de la condition, de - ça me troue un peu le cul, mais c'est ainsi - l'identité. Il fut, et c'est vraiment dommage cette fois, l'homme qui aima le mieux Arwen. Il la prenait en photo. Constamment. Chaque putain de jour il vidait plusieurs pellicules, Arwen en oblique, Arwen un bras levé, Arwen deux bras levés, Arwen atteignant la cafetière en haut de l'étagère, Arwen la cafetière dans les bras, Arwen écartant un bras, Arwen saisissant un filtre entre ses doigts, Arwen déposant le filtre, et toutes ces photos rangées dans un carton étiqueté "Arwen prépare le café". Pépito accepta le petit frère comme une composante inhérente à sa vie rêvée. Il lui démontra qu'on pouvait s'élever de la pisse à l'espérance, de l'espérance à la rage, de la rage à la félicité. Il lui prouva qu'on pouvait renoncer à soi pour s'aimer. Il lui enseigna le bonheur tranquille des pas dans ceux de l'autre, et de la main accrochée à ses doigts. Il lui dit tout ce qu'il y avait à dire, de la façon d'appréhender l'infini comme une flaque obscure dessinée aux contours du concret, des vers de sable qu'il fallait traquer en creusant par-dessous, des recoins des trains où le contrôleur ne le verrait jamais. L'autre, évidemment, ne répondit rien. Pépito lui trouva un stage, puis mourut, dans sa bagnole.
Arwen fut triste comme elle ne s'en serait pas cru capable. C'était une fille sauvagement intelligente, un esprit qui n'aurait procédé qu'en instinct, mais dont l'instinct serait lui-même calqué sur des impulsions de raison. C'est dire si elle était maline, quoi. Mais tu sais ce qu'est la douleur ? Disons que c'est un voile sur le reste. Sur tout le reste. Il ne reste que la douleur et les moyens de la combler, car, d'une certaine façon, elle se nourrit de tout ce qui t'inclut et le recrache en tumeur qui te broie - crois-tu au départ - pour mieux expulser chaque organe qui aurait la prétention d'exister hors d'elle (la douleur, putain mais suivez un peu). Et Arwen fit une erreur monumentale. Elle crut - j'en ris encore, mais c'est pas pour me moquer - qu'elle pourrait ne pas crever de tristesse grâce à son petit frère. Exister à jamais pour une personne. Arwen.
mardi 4 mars 2008
à dire
Acceptable, oui. Je me suis engagé à ne pas respecter ce que je fais, ni à m'investir. Pour ne pas prêter aux nécessités salariales un flanc compatissant et soumis, pour ne pas ressentir l'injustice, pour ne pas bouffer entre collègues et ne pas baiser la salope du 5ème. Pour ne pas être malheureux, hein.
Seulement voilà, maintenant que c'est du sérieux et qu'on parle pognon et engagement et contrat, maintenant qu'on en déduit et qu'on ressent, qu'on suggère pour tout dire que je pourrais incrémenter la production, et pour tout dire me magner, je ne joue plus. Je pourrais dire. Par exemple.
J'étais amoureux et c'est là que je me suis mis à confondre des notions aussi distinctes que la vie et l'existence, l'envie et la tripaille hurlante, le feu et les nuits à t'attendre. Les nuits à t'attendre alors qu'il n'y en eu qu'une. Et que tu finis par venir. Mais tous.ceux.qui.ont.été.amoureux. savent que les heures où on ne se sent plus exister pour l'autre sont des nausées impatientes, sont des renoncements et de la haine en mélasse, sont la lenteur exacte de l'inexistence qui ne sait pas si elle poindra au jour, sont la pointe portée aux remugles stomacaux, et pour longtemps. Et amoureux je l'étais. Qu'ai-je à justifier ?
jeudi 21 février 2008
On touch
mardi 19 février 2008
La faute aux trentcinkeur (c'est)
samedi 16 février 2008
Quatre vodkas dans le cul, rdy 4 bloggin', kk ?
Bon, c'est n'importe quoi. Déjà, c'est quoi cette histoire de femmes ? Sans déconner, la nethique, on en parlait déjà sur les chats de drague y'a dix ans. Depuis quand les femmes, race infiniment respectable et excitante, ont le monopole des inventions crétines ? I mean, pourquoi pas les Gronendaels ? ça aurait de la gueule sur wikipedia : les Gronendaels ont inventé la nethique en 1978.
La nethique, c'était déjà le contrepoids ordonné au bordel que j'aimais. En chauffant Liloutte59 sur #sex, toujours ces suceurs de modos qui venaient nous expliquer que non, décidément, il y avait des règles. Et moi, compréhensif, acceptant l'idée que l'hébergeur se protège et respecte la loi. Mais nethique, soit règlementation adaptée au web, foutaises. Cette civilité pataude qui s'impose au chaos de l'anonymat, conneries. S'impose au nom de qui ? Le chaos, justement, était ma terre d'accueil. Un monde comme un autre, mais qui ne se soumettait pas la queue battante à l'ordre, aux convenances et aux noms. Par extension, je prends les paris, on finira par interdire les pseudos, à se créer de la traçabilité numérique. Car, n'est-ce pas, la diffamation et l'inconséquence. Car, les pédophiles et les nazis. Car, un ensemble de choses auquel est préférable notre monde, où on sait qui parle à qui. Notre monde ou le chaos. Le chaos, merci.
lundi 11 février 2008
Hakubo
samedi 9 février 2008
Mama Karpov
Mama Karpov dispose d'un pouvoir de nuisance considérable, considérable oui, c'est le mot qui revient à chaque fois, l'expression exacte, le terme choisi par quelqu'un qui sait choisir ses termes, et les golios de la com' l'ont repris en boucle, crachant du mythe à l'envie : ainsi Mama Karpov est-elle devenue un croquemitaine pour stagiaire en goguette. Au demeurant, c'est une femme vieille et légèrement bouffie qui semble imperméable à la colère. Elle ne dégage aucune force, aucune émanation résiduelle d'un karma libéro-compatible. C'est une secrétaire, j'ai pensé. C'est une secrétaire qui n'aurait pas de supérieur, pas de compte à rendre. Voilà ce que j'en dis : Mama Karpov est une anomalie hiérarchique.
lundi 4 février 2008
Ouais donc, je disais
Le buste de Karl bigbangue dans le néant de la Volvo. Ah j'en ai chié là. L'idée étant que Karl ne pénètre que par le buste dans la bagnole, il se penche quoi. Par la vitre de la place du mort. T'as vu comme c'est chiant à décrire ? Du coup, après moult versions, j'ai opté pour le n'importe quoi : il bigbangue. J'opte toujours pour le n'importe quoi.
Séverine, mon coeur a ralenti. J'aime bien l'idée des battements qui s'espacent. Comme le titre de battre mon coeur s'est arrêté, que je trouve, mais je suis une incorrigible midinette voire une grosse salope, magnifique. Si, à l'instant. Séverine, j'ai trouvé, je veux que mes empreintes se décollent de ma peau, je veux dégorger mes intestins. En fait le texte est parti de là : l'idée que le corps se retire, comme dégoûté de ce qu'il abrite. lol. Non mais en gros c'est ça, je tournais dans mon studio, et hop, l'idée du corps qui se carapate hors de soi.
Séverine tourne un visage mou vers la masse indistincte qui accourt derrière Karl. Des infirmières et des vigiles au regard inquiet ou vaguement hostile. Séverine donc, j'y reviendrai, comme la majorité de ses contemporains, se bat les couilles de l'existence de Karl. Dans cette histoire, l'important n'est pas que Karl soit un incompris, mais qu'il ne cherche pas la compréhension. C'est à peu près sa seule singularité. Parce qu'entre nous, qui n'a jamais voulu, ne serait-ce qu'une fois, être compris ? Hein ? Non mais je demande.
Que mon corps m'éjecte, Séverine, invivable jusqu'en moi. Est-ce que ça suffira ? Est-ce qu'au dessus de ma dépouille on parlera somatisation et haine de soi ? Est-ce que les gens sont toujours aussi chiants dans la décomposition ? Ah j'aimais bien ce passage, mais j'écoutais Birdy Nam Nam, et j'ai un peu tendance à m'enflammer quand j'écris en dansant. Ça fait un peu ado qui se la pète, pas vrai ? Mais Karl est, en gros, un ado qui se la pète. Ça m'intéresse peu, pardon Séverine, de toute ma vie je n'ai pu éprouver la curiosité de l'autre, mais il faut bien que je parle à quelqu'un. Tu leur dis ce que tu veux, voilà. Ou alors.. Ce qui les arrange, tu peux deviner ça, non ? Là par contre c'est complètement raté, jusqu'aux points de suspension qui n'assument pas leur trialité. Trop caricatural, le mec qui ne s'intéresse pas aux autres, et pas vraiment ce que je cherchais. Karl ne s'intéresse pas aux autres, mais ce n'est qu'un effet collatéral, ce n'est pas pensé, et surtout pas conscient.
Séverine acquiesce. Magnifique passage !
Bien, ce qui les arrangera. Tu leur dis "il est décédé", et tu attends. Ouais, là je commençais à fatiguer, on est dans le ventre mou du texte, ça transpire le Sedan-Sochaux du dimanche soir.
Karl reprend son souffle. Putain, parfois j'ai honte. Sérieux : "Karl reprend son soufflePOINT". Non mais, sérieux.
Séverine, c'est vraiment un prénom de merde. J'avais une fille dans ma classe, en CE1, elle s'appelait Séverine, un peu grosse, elle avait une emprise totale sur la classe, même les mecs, elle jouait au foot avec eux. Je l'ai croisée huit ans plus tard, elle couchait avec des filles et moi j'étais toujours une fiotte surprotégée. Elle était contente - c'est le mot qu'elle a employé - de me revoir. Je ne lui avais jamais parlé. Il lui suffisait de m'ignorer pour s'épargner ce silence gênant. C'est ce que je n'ai jamais compris, il suffisait de m'ignorer. Ah ! ça pue l'autobio, hmm ? c'en est presque. A relire, on ne comprend pas trop si c'est pensé ou oral, ça m'arrange. Karl est de toute façon transparent, de sorte que Séverine peut très bien le deviner.
Le buste de Karl reflue sous l'impulsion d'un vigile. Tiavu ? On revient à l'idée du corps qui se barre tout seul. Je suis un gros malin.
Séverine l'observe se débattre en souriant. Tentative un peu vaine de faire exister le personnage de Séverine, par la figure vue et revue, ad nauseam, du spectateur amusé et détaché. Oué, Herbert, le jardinier en fin de cycle, tactac gros, touche ma bite.
- Tu as quelque chose contre les lesbiennes, Karl ? Je précise : Séverine n'est pas complètement conne. Elle ne s'intéresse pas à Karl - ou alors il la fatigue. Il est probable qu'elle n'ait rien écouté de ses tirades. Non mais je tenais à le préciser, j'ai fini à m'attacher à ce personnage de support.
- Je n'en pense absolument rien. Dis-leur que ce sont mes dernières paroles. Hey girl : it's life life life.
mardi 29 janvier 2008
Le prochain post sera un making-of
Bon. L'humanité, les siècles, le tortillement des mèches brunes, le sourire qui se crispe, la désaffection et l'intérêt social; tout ça. On est d'accord ? ça n'a rien de compliqué. Baiser, se faire de la grosse thune et clamser avec du monde autour. D'où : le message n'a pas d'importance. Que je t'aime d'élégance contrite ou que je te bouffe la chatte, hein.
Par contre, les alentours, le collatéral, ça m'intéresse, très, d'un coup.
Avant-hier je passe voir la susdite sympathisante dont je t'entretenasse quelques lignes plus bas (oui je l'ai bien vu le gros pointillé rouge d'entretenasse, mais faut bien se donner une contenance à la cool pour pallier la déficience du style (et pourtant ça me coûte)). Je passe la voir pour la cinquième fois, le message est donc clair et sans intérêt : élégance, chatte, mèches brunes et confessions nocturnes sur mon enfance siiiiiii perturbée dans mon studio poisseux sur fond miyazakien.
Par contre, l'à-côté, c'est de la panne réseau orchestrée à grande échelle pour dépanner ton poste en loucedé, c'est de la conversation passionnée avec ta voisine d'open-space pour jouer l'indifférence professionnelle face à toi, enfin quoi, c'est de la putain de comédie qu'on en fait plus de si drôle depuis Gotlib. C'est intéressant. Très. Au moins.
samedi 12 janvier 2008
Faisons de la fiction, histoire de se la ouèj un minimum
Le buste de Karl bigbangue dans le néant de la Volvo.
Séverine, mon coeur a ralenti. Si, à l'instant. Séverine, j'ai trouvé, je veux que mes empreintes se décollent de ma peau, je veux dégorger mes intestins.
Séverine tourne un visage mou vers la masse indistincte qui accourt derrière Karl. Des infirmières et des vigiles au regard inquiet ou vaguement hostile.
Que mon corps m'éjecte, Séverine, invivable jusqu'en moi. Est-ce que ça suffira ? Est-ce qu'au dessus de ma dépouille on parlera somatisation et haine de soi ? Est-ce que les gens sont toujours aussi chiants dans la décomposition ? Ça m'intéresse peu, pardon Séverine, de toute ma vie je n'ai pu éprouver la curiosité de l'autre, mais il faut bien que je parle à quelqu'un. Tu leur dis ce que tu veux, voilà. Ou alors.. Ce qui les arrange, tu peux deviner ça, non ?
Séverine acquiesce.
Bien, ce qui les arrangera. Tu leur dis "il est décédé", et tu attends.
Karl reprend son souffle.
Séverine, c'est vraiment un prénom de merde. J'avais une fille dans ma classe, en CE1, elle s'appelait Séverine, un peu grosse, elle avait une emprise totale sur la classe, même les mecs, elle jouait au foot avec eux. Je l'ai croisée huit ans plus tard, elle couchait avec des filles et moi j'étais toujours une fiotte surprotégée. Elle était contente - c'est le mot qu'elle a employé - de me revoir. Je ne lui avais jamais parlé. Il lui suffisait de m'ignorer pour s'épargner ce silence gênant. C'est ce que je n'ai jamais compris, il suffisait de m'ignorer.
Le buste de Karl reflue sous l'impulsion d'un vigile.
Séverine l'observe se débattre en souriant.
- Tu as quelque chose contre les lesbiennes, Karl ?
- Je n'en pense absolument rien. Dis-leur que ce sont mes dernières paroles.
jeudi 10 janvier 2008
Gâchons donc huit minutes de ma vie à écrire l'inconsistance des choses, des êtres et des.. ah oui, des lieux
Le plein-temps m'aura confirmé mon absence de dessein : je suis au bout, et le monde est vraiment tel qu'il ne s'est jamais caché. Pas de miracle, pas d'alcôve. Pas d'ombre à ce que je suis. Docile et tremblant. Envieux et crade. Mais l'inconnu m'aurait contraint à l'attente, à l'espoir un peu con de la révélation. Je me concentre donc sur mon bonheur possible dans l'instant, à savoir : pause clope huit fois par jour, rejet de la responsabilité, draguouille besogneuse. Gros coup à venir d'ailleurs, puisqu'une fille a sourit à mes blagues syndicales, ce qui me permet de vérifier simultanément qu'elle est a) de gauche b) désespérée c) compatissante. Son destin est d'ores et déjà méthodiquement calculé, dans six mois je la tutoie et d'ici deux ans je lui propose une clope. Et alors, il sera beaucoup trop tard pour faire marche arrière, l'évidence s'imposera : il faudra me claquer la bise. Tous. les. matins.