mardi 29 janvier 2008

Le prochain post sera un making-of

Je le dis ici parce qu'ailleurs ça n'intéresserait personne, mais voilà, approche : je suis très intéressé (et c'est déjà notable) par l'enveloppe.
Bon. L'humanité, les siècles, le tortillement des mèches brunes, le sourire qui se crispe, la désaffection et l'intérêt social; tout ça. On est d'accord ? ça n'a rien de compliqué. Baiser, se faire de la grosse thune et clamser avec du monde autour. D'où : le message n'a pas d'importance. Que je t'aime d'élégance contrite ou que je te bouffe la chatte, hein.
Par contre, les alentours, le collatéral, ça m'intéresse, très, d'un coup.
Avant-hier je passe voir la susdite sympathisante dont je t'entretenasse quelques lignes plus bas (oui je l'ai bien vu le gros pointillé rouge d'entretenasse, mais faut bien se donner une contenance à la cool pour pallier la déficience du style (et pourtant ça me coûte)). Je passe la voir pour la cinquième fois, le message est donc clair et sans intérêt : élégance, chatte, mèches brunes et confessions nocturnes sur mon enfance siiiiiii perturbée dans mon studio poisseux sur fond miyazakien.
Par contre, l'à-côté, c'est de la panne réseau orchestrée à grande échelle pour dépanner ton poste en loucedé, c'est de la conversation passionnée avec ta voisine d'open-space pour jouer l'indifférence professionnelle face à toi, enfin quoi, c'est de la putain de comédie qu'on en fait plus de si drôle depuis Gotlib. C'est intéressant. Très. Au moins.

samedi 12 janvier 2008

Faisons de la fiction, histoire de se la ouèj un minimum

Séverine !
Le buste de Karl bigbangue dans le néant de la Volvo.
Séverine, mon coeur a ralenti. Si, à l'instant. Séverine, j'ai trouvé, je veux que mes empreintes se décollent de ma peau, je veux dégorger mes intestins.
Séverine tourne un visage mou vers la masse indistincte qui accourt derrière Karl. Des infirmières et des vigiles au regard inquiet ou vaguement hostile.
Que mon corps m'éjecte, Séverine, invivable jusqu'en moi. Est-ce que ça suffira ? Est-ce qu'au dessus de ma dépouille on parlera somatisation et haine de soi ? Est-ce que les gens sont toujours aussi chiants dans la décomposition ? Ça m'intéresse peu, pardon Séverine, de toute ma vie je n'ai pu éprouver la curiosité de l'autre, mais il faut bien que je parle à quelqu'un. Tu leur dis ce que tu veux, voilà. Ou alors.. Ce qui les arrange, tu peux deviner ça, non ?
Séverine acquiesce.
Bien, ce qui les arrangera. Tu leur dis "il est décédé", et tu attends.
Karl reprend son souffle.
Séverine, c'est vraiment un prénom de merde. J'avais une fille dans ma classe, en CE1, elle s'appelait Séverine, un peu grosse, elle avait une emprise totale sur la classe, même les mecs, elle jouait au foot avec eux. Je l'ai croisée huit ans plus tard, elle couchait avec des filles et moi j'étais toujours une fiotte surprotégée. Elle était contente - c'est le mot qu'elle a employé - de me revoir. Je ne lui avais jamais parlé. Il lui suffisait de m'ignorer pour s'épargner ce silence gênant. C'est ce que je n'ai jamais compris, il suffisait de m'ignorer.
Le buste de Karl reflue sous l'impulsion d'un vigile.
Séverine l'observe se débattre en souriant.
- Tu as quelque chose contre les lesbiennes, Karl ?
- Je n'en pense absolument rien. Dis-leur que ce sont mes dernières paroles.

jeudi 10 janvier 2008

Gâchons donc huit minutes de ma vie à écrire l'inconsistance des choses, des êtres et des.. ah oui, des lieux

ouais, c'est un peu navrant mais je suis sensible au souvenir qu'on a de moi. Mais à quoi prétendre d'autre, hmm ?
Le plein-temps m'aura confirmé mon absence de dessein : je suis au bout, et le monde est vraiment tel qu'il ne s'est jamais caché. Pas de miracle, pas d'alcôve. Pas d'ombre à ce que je suis. Docile et tremblant. Envieux et crade. Mais l'inconnu m'aurait contraint à l'attente, à l'espoir un peu con de la révélation. Je me concentre donc sur mon bonheur possible dans l'instant, à savoir : pause clope huit fois par jour, rejet de la responsabilité, draguouille besogneuse. Gros coup à venir d'ailleurs, puisqu'une fille a sourit à mes blagues syndicales, ce qui me permet de vérifier simultanément qu'elle est a) de gauche b) désespérée c) compatissante. Son destin est d'ores et déjà méthodiquement calculé, dans six mois je la tutoie et d'ici deux ans je lui propose une clope. Et alors, il sera beaucoup trop tard pour faire marche arrière, l'évidence s'imposera : il faudra me claquer la bise. Tous. les. matins.