jeudi 21 février 2008

On touch

Je pense à toi, qui n'aurait aimé qu'en voluptes, qui aurait vécu la dissension et l'accomplissement comme un nuage vaporeux au coin des cils, au revers des élégances et pour s'en baffrer de l'accointance, je me contemple dans cet avenir si justement esquivé, tout à fait, toi en doudoune blanche, psalmodiant des considérations océanes au creux du canapé, et moi donc, qui ferait mon entrée sous les rires du public, te présentant mon attestation carte vitale, m'enquérant prix du pain et consorts, ton regard vide et regret minéral. Sais-tu qu'en plongeant le regard dans la vitre du premier wagon, on voit les rats métropolitains, sais-tu que chaque gravillon vit sa propre histoire, une histoire qui se résume aux faisceaux et au noir, sais-tu que c'en sont des milliards qui s'effritent aux rails étincellés, sais-tu enfin que chaque assistant de direction s'imagine avoir souffert plus qu'aucun dieu n'aurait pu l'exiger en pénitence, as-tu compté les assistants de direction de par le monde, t'imagines-tu cette masse de souffrance se déverser de chaque recoin du monde, et n'oublie pas barbès où ils sont singulièrement nombreux, donc tu l'imagines, ce poids cinglant de contrition et de plus jamais jamais, et toi qui voudrait que tout ne soit que voluptes et marelles, corole en fin de prénom, pistil sanguin du souvenir, ma toute petite j'en ai craché du boyau et j'en suis revenu, et néanmoins je ne t'oublie pas. C'est ma fin de non-recevoir à ta poésie pour chiâleuse des alcôves, c'est ma bite pour tes alternoiments, c'est mon grincement pour tes mutismes, c'est mon adieu pour ce que j'ai lu de toi, c'est je reviendrai après la fête, c'est je ne t'oublie pas mais ton souvenir crissera parmi les gravillons qui sont des milliards.

mardi 19 février 2008

La faute aux trentcinkeur (c'est)

Tu l'auras compris (ou pas, c'est insignifiant), après quelques années de grattage de burnes, je suis de retour dans la quoi ? sociabilité ? enfin dans la vie au sens strict. Finies donc les permissions foireuses aux ellipses du vécu, je pourrais limite tenir un journal de bord. Finie aussi la brasse coulée en USB, je suis carrément présent et pour tout dire prolixe. Le travail, le vrai, offre les perspectives attendues mais réconfortantes des complots à deux balles, de l'accablement du stagiaire et de la soumission aux directions. C'est un mal nécessaire. On se croit vite irréprochable, et les collègues en font toujours moins. On se surprend à réclamer fermement les heures sup', à cafter le cossard du 3ème, à border les tableaux excel. Alors que bon. Alors qu'on s'imaginait un peu autrement, dévergondé de la convenance. On se croyait meilleur. Chaque jour, le travail nous rappelle que nous n'avons jamais cessé d'être médiocres.

samedi 16 février 2008

Quatre vodkas dans le cul, rdy 4 bloggin', kk ?

Et alors je tombe en arrêt devant cette bonne face de Giesbert, si remplie de satisfaction et de certitudes, mais est-il besoin de parler de Giesbert ? Ses invités donc, un journaliste, Berléand, Soral (Alain), Juppé (Isabelle). Thème de la dispute : internet, où chacun joue son rôle. Le journaliste crétin nous explique sans rire qu'internet, royaume de la désinformation, voyez, moi, carte de presse et déontologie, quand même. Berléand, sympatoche et bayrouiste, le rappelle gentiment (car bayrouiste) à l'ordre : Outreau, quand même, ducon, c'est internet ? Sympatoche, Berléand. Soral, dans ses névroses victimaires, nous répète qu'on l'a menacé de mort sur des forums, hein, t'as vu. Et tout le monde se traite de fasciste, c'est pas gentil. Je préférais Soral en bourreau, quand il claquait la gueule d'Alonso, c'était vain et distrayant. Soral arpente des couloirs sans fin, persuadé qu'il a dépassé le monde. Qu'il a compris contre tous les autres. Pourquoi pas, mais le voir jouer de la rhétorique pour défendre Le Pen est désolant. Le voir reprendre au vol des stagiaires pour redéfinir le champ lexical du racisme est d'une tristesse sans nom. Soral est un boxeur dont on voit venir les coups. Reste Isabelle Juppé, dont on ne finit pas de s'étonner des étranges perversions sexuelles qui l'ont conduite dans les bras du sinistre wannabe caribou. Isabelle dit : internet c'est le reflet de la société. Bien. Isabelle dit : sur internet y'a des gens bien et d'autres non. Bien. Isabelle dit : je vais sur internet pour connaître l'univers que côtoient mes enfants. On s'en branle mais c'est bien. Isabelle dit : des femmes (courageuses) tentent d'instaurer une nethique.
Bon, c'est n'importe quoi. Déjà, c'est quoi cette histoire de femmes ? Sans déconner, la nethique, on en parlait déjà sur les chats de drague y'a dix ans. Depuis quand les femmes, race infiniment respectable et excitante, ont le monopole des inventions crétines ? I mean, pourquoi pas les Gronendaels ? ça aurait de la gueule sur wikipedia : les Gronendaels ont inventé la nethique en 1978.

La nethique, c'était déjà le contrepoids ordonné au bordel que j'aimais. En chauffant Liloutte59 sur #sex, toujours ces suceurs de modos qui venaient nous expliquer que non, décidément, il y avait des règles. Et moi, compréhensif, acceptant l'idée que l'hébergeur se protège et respecte la loi. Mais nethique, soit règlementation adaptée au web, foutaises. Cette civilité pataude qui s'impose au chaos de l'anonymat, conneries. S'impose au nom de qui ? Le chaos, justement, était ma terre d'accueil. Un monde comme un autre, mais qui ne se soumettait pas la queue battante à l'ordre, aux convenances et aux noms. Par extension, je prends les paris, on finira par interdire les pseudos, à se créer de la traçabilité numérique. Car, n'est-ce pas, la diffamation et l'inconséquence. Car, les pédophiles et les nazis. Car, un ensemble de choses auquel est préférable notre monde, où on sait qui parle à qui. Notre monde ou le chaos. Le chaos, merci.

lundi 11 février 2008

Hakubo

Important que je te dise, à l'heure où je m'entraille du yahourt, à l'heure où mes couilles s'aplatissent, à l'heure où je me rase tous les jours, à toutes ces heures enfin, qu'elles auraient pu ne pas être. C'est important et pour moi. Et je ne suis pas venu chercher quoi que ce soit. Et je n'en conçois rien. Et les nuits passent-elles toujours si lentement avec toi. Et les miennes je les laisse à dormir, parce qu'il ne faut pas décevoir le client, vois-tu. Vois-tu ? Toi qui raillais de la colonne mon ineptitude (hommage !), vois comme certains comptent sur moi, à présent. Comptent sur moi comme ils compteraient sur un autre, mais chacun prend sa place et tourne en hamster éperdu pour graisser l'engrenage. Et ce que tu avais senti en moi, ce n'était que ça, cette adaptation au rien de la grosse thune, cette entrée dans les ordres capitaux, cette tempérance. Et c'est important de te le dire, mais seulement pour moi : il y aurait eu toi. Et c'est pourquoi je ne t'ai jamais crue, pour ta capacité (prodigieuse) à changer ma vie. Et voilà comment je n'ai aucun regret à te croiser. Et voilà comment je n'ai rien émis à ta venue. Et voilà comment nous ne sommes rien.

samedi 9 février 2008

Mama Karpov

En cadre informel, se confie-t-elle, j'ai préféré vous parler. C'est que Mama Karpov doit gérer une situation de crise. Situation de crise m'a-t-on quasi épelé, si-tu-a-ti-on, m'a-t-on martelé, et j'y mets les formes jusque dans le fatalisme du clou au moment de l'impact.
Mama Karpov dispose d'un pouvoir de nuisance considérable, considérable oui, c'est le mot qui revient à chaque fois, l'expression exacte, le terme choisi par quelqu'un qui sait choisir ses termes, et les golios de la com' l'ont repris en boucle, crachant du mythe à l'envie : ainsi Mama Karpov est-elle devenue un croquemitaine pour stagiaire en goguette. Au demeurant, c'est une femme vieille et légèrement bouffie qui semble imperméable à la colère. Elle ne dégage aucune force, aucune émanation résiduelle d'un karma libéro-compatible. C'est une secrétaire, j'ai pensé. C'est une secrétaire qui n'aurait pas de supérieur, pas de compte à rendre. Voilà ce que j'en dis : Mama Karpov est une anomalie hiérarchique.

lundi 4 février 2008

Ouais donc, je disais

Séverine ! OK, j'ai toujours eu beaucoup de mal avec les points d'exclamation et de suspension. L'exclamation parce qu'elle me paraît toujours surjouée et chiante, la suspension parce que j'imagine toujours le gros malin qui-n'en-pense-pas-moins, ou la pouffiasse qui se la joue mystère et implicite. Dans ce prénom exclamé donc, il ne faut voir qu'une transcription maladroite de l'oralité - enfin du ton, poil aux cons.
Le buste de Karl bigbangue dans le néant de la Volvo. Ah j'en ai chié là. L'idée étant que Karl ne pénètre que par le buste dans la bagnole, il se penche quoi. Par la vitre de la place du mort. T'as vu comme c'est chiant à décrire ? Du coup, après moult versions, j'ai opté pour le n'importe quoi : il bigbangue. J'opte toujours pour le n'importe quoi.
Séverine, mon coeur a ralenti. J'aime bien l'idée des battements qui s'espacent. Comme le titre de battre mon coeur s'est arrêté, que je trouve, mais je suis une incorrigible midinette voire une grosse salope, magnifique. Si, à l'instant. Séverine, j'ai trouvé, je veux que mes empreintes se décollent de ma peau, je veux dégorger mes intestins. En fait le texte est parti de là : l'idée que le corps se retire, comme dégoûté de ce qu'il abrite. lol. Non mais en gros c'est ça, je tournais dans mon studio, et hop, l'idée du corps qui se carapate hors de soi.
Séverine tourne un visage mou vers la masse indistincte qui accourt derrière Karl. Des infirmières et des vigiles au regard inquiet ou vaguement hostile. Séverine donc, j'y reviendrai, comme la majorité de ses contemporains, se bat les couilles de l'existence de Karl. Dans cette histoire, l'important n'est pas que Karl soit un incompris, mais qu'il ne cherche pas la compréhension. C'est à peu près sa seule singularité. Parce qu'entre nous, qui n'a jamais voulu, ne serait-ce qu'une fois, être compris ? Hein ? Non mais je demande.
Que mon corps m'éjecte, Séverine, invivable jusqu'en moi. Est-ce que ça suffira ? Est-ce qu'au dessus de ma dépouille on parlera somatisation et haine de soi ? Est-ce que les gens sont toujours aussi chiants dans la décomposition ? Ah j'aimais bien ce passage, mais j'écoutais Birdy Nam Nam, et j'ai un peu tendance à m'enflammer quand j'écris en dansant. Ça fait un peu ado qui se la pète, pas vrai ? Mais Karl est, en gros, un ado qui se la pète. Ça m'intéresse peu, pardon Séverine, de toute ma vie je n'ai pu éprouver la curiosité de l'autre, mais il faut bien que je parle à quelqu'un. Tu leur dis ce que tu veux, voilà. Ou alors.. Ce qui les arrange, tu peux deviner ça, non ? Là par contre c'est complètement raté, jusqu'aux points de suspension qui n'assument pas leur trialité. Trop caricatural, le mec qui ne s'intéresse pas aux autres, et pas vraiment ce que je cherchais. Karl ne s'intéresse pas aux autres, mais ce n'est qu'un effet collatéral, ce n'est pas pensé, et surtout pas conscient.
Séverine acquiesce. Magnifique passage !
Bien, ce qui les arrangera. Tu leur dis "il est décédé", et tu attends. Ouais, là je commençais à fatiguer, on est dans le ventre mou du texte, ça transpire le Sedan-Sochaux du dimanche soir.
Karl reprend son souffle. Putain, parfois j'ai honte. Sérieux : "Karl reprend son soufflePOINT". Non mais, sérieux.
Séverine, c'est vraiment un prénom de merde. J'avais une fille dans ma classe, en CE1, elle s'appelait Séverine, un peu grosse, elle avait une emprise totale sur la classe, même les mecs, elle jouait au foot avec eux. Je l'ai croisée huit ans plus tard, elle couchait avec des filles et moi j'étais toujours une fiotte surprotégée. Elle était contente - c'est le mot qu'elle a employé - de me revoir. Je ne lui avais jamais parlé. Il lui suffisait de m'ignorer pour s'épargner ce silence gênant. C'est ce que je n'ai jamais compris, il suffisait de m'ignorer. Ah ! ça pue l'autobio, hmm ? c'en est presque. A relire, on ne comprend pas trop si c'est pensé ou oral, ça m'arrange. Karl est de toute façon transparent, de sorte que Séverine peut très bien le deviner.
Le buste de Karl reflue sous l'impulsion d'un vigile. Tiavu ? On revient à l'idée du corps qui se barre tout seul. Je suis un gros malin.
Séverine l'observe se débattre en souriant. Tentative un peu vaine de faire exister le personnage de Séverine, par la figure vue et revue, ad nauseam, du spectateur amusé et détaché. Oué, Herbert, le jardinier en fin de cycle, tactac gros, touche ma bite.
- Tu as quelque chose contre les lesbiennes, Karl ? Je précise : Séverine n'est pas complètement conne. Elle ne s'intéresse pas à Karl - ou alors il la fatigue. Il est probable qu'elle n'ait rien écouté de ses tirades. Non mais je tenais à le préciser, j'ai fini à m'attacher à ce personnage de support.
- Je n'en pense absolument rien. Dis-leur que ce sont mes dernières paroles. Hey girl : it's life life life.