vendredi 7 novembre 2008

Où l'auteur s'emmerde très fort en rentrant du Memphis

Il est évidemment hors de question de se mêler à la joie. D'abord parce qu'on ne se mêle à rien, ensuite parce que la joie est chiante lorsque partagée. Tu le sais, rien ne vaut le ricanement amer. Néanmoins, il est difficile de se trouver une contenance. Critiquer ? Mais il n'y a rien à critiquer, la non-raison de se réjouir étant justement cette absence essentielle : il n'y a rien à dire. Va, vis et hurle en prophète : End ne pense rien d'Obama.
Bien. Développons pour une fois. Je veux dire, je serais vachement déçu si tu pensais que je suis le genre de type pas mal superficiel. Alors j'explique (en trois temps, parce que je fus scolarisé).

1) Pourquoi ne pas se réjouir ?
Parce que les autres le font. Parce qu'un noir ou un blanc, ce n'est rien. Ça ne signifie rien. Parce que ça fournit de la matière à des quintaux de bruit inutile (tu imagines, sérieusement, pour combien de temps on va en bouffer des analyses, des coulisses, des rétrospectives, des histoires secrètes de ?) Parce qu'il n'y a rien de nouveau, à part ce qui justement, n'est rien ? (t'as vu comment je recoupe mes analyses ?)

2) Pourquoi tout est tellement chiant ?
Parce que tout est écrit. Tu ne te réjouis pas ? Tu fais partie des râleurs. Tu te réjouis ? Tu fais partie des naïfs. Obama va décevoir ? On s'ennuie déjà à parcourir ces longs éditos qui démontreront que puisqu'il déçoit, c'est qu'il est justement à l'égal des autres, ce qui sera - forcément - sa plus grande victoire. Et s'il est assassiné ? On en prend pour trente ans. Trente ans de commémorations et de figures imposées, trente ans d'anniversaires. A expliquer à ses enfants qui il était. Des noms de rue et d'écoles. Des films. Des théories. Sérieusement, tu connais plus chiant que le mythe Kennedy ? Alors.

3) Mais que faire, bordel ?
Ne rien penser.

Je serais néanmoins chagriné que tu t'imagines que je m'inscris dans une sorte de posture désinvolte au long cours, afin, je ne sais pas, de paraître vaguement intrigant auprès des filles aux seins opulents sous leur pull en laine et d'ainsi pouvoir baiser en rentrant du Memphis.

Chagriné je serais.
Tiens, pas plus tard qu'il y a deux semaines, je me suis longuement enthousiasmé pour la victoire du PSG au Vélodrome. Le Guen qui joue offensif, c'est autre chose qu'un président noir. Le 4-3-3 peut avoir du panache.

dimanche 2 novembre 2008

Où l'auteur, à bout de force, admet enfin qu'il a une petite bite

J'aurai manqué de passion, de celles qui j'imagine, font voyager. Mais je n'ai jamais repris la main sur ce que je me représentais comme du caractère, ce mélange d'intolérance aux autres et de nonchalance appliquée à soi, et je n'aurai ri qu'à mes propres blagues, car, c'est bien le drame, tout construit de la nécessité de ne pas s'aimer, je me serai approuvé, célébré en toutes choses. Ce n'est pas facile d'aller à l'encontre de tout. Ne pas s'aimer, quand déjà l'autre vous porte une affection toute relative, vous laisse dans des eaux salement goëmonées, et pour tout dire infiniment froides. C'est qu'il faut bien ranger l'identité quelque part, la confier à des mains aimantes ou l'enfouir dans les replis de sa graisse. L'autre donc, appuie toujours un peu trop ses coups, sourd es-tu à la dignité, à l'empathie en attente, à l'attention qu'on attend au-delà des matchs à domiciles. L'identité sait doser ses coups, elle observe la chancelance et attend que s'équilibrent les forces. La pulsion de destruction n'existe pas tant en ennemi qu'en justicière proclamée, souvent trop maniérée et contemplatrice, mais finalement loyale - et patiente. Tout le reste s'organise autour des manques à combler, et pour d'autres en subsistance. Je m'en tire étonnament bien, j'insiste, à ma très grande surprise. I mean, j'ai du fric homey, de la grosse thune et de la pétasse en salles. C'est ce qu'on appelle la civilisation. Ce qui fait que les cages s'aggrandissent et recouvrent les champs déserts de la félicité. Si bien que les chemins de l'extérieur se rétrécissent. Si bien que la passion se retranche sous la boue. Si bien que les voyages semblent vains. Et la civilisation sauve les gens. Pas tous, mais j'imagine qu'il faut choisir son camp, Kamarad.