vendredi 5 décembre 2008

Maintenant

La question que je vous pose, Eléonore : Où je vais, tout de suite ? J'ai piqué du fric, j'ai piqué plein de fric en fait, et puis j'ai cassé la gueule de mon associé. J'ai fait tout ça pour partir à Bora-Bora et m'y faire sucer. Mais entre moi et Bora-Bora se dressent des putains d'emmerdements, voilà pourquoi je sonne et m'impose à vous, il me faut des chemins de traverse. Il me faut un ensemble d'idées et de propositions qui me feraient comme la patience du clébard face au loquet puis quelques étages. Il faut retarder mon idéal sous peine de connaître l'uniforme et la rigueur des mises en examen. Comment fuit-on ?
J'ai pensé à voyager léger, et dormir dans des terriers comme à passer les frontières à pied. J'ai pensé des coins improbables où personne n'imagine la vie, j'ai pensé Narbonne pour tout dire, Narbonne ou l'Estonie, qui viendrait me trouver là-bas ? Qui, pour une quelquonque raison, se dirigerait vers Narbonne avec des idées, je veux dire dans une cohérence de pensée ? Eléonore, c'est bien l'Estonie pour s'y planquer ? Il y a des avions pour les îles en Estonie ? Dites-moi, si je trace de Narbonne en Estonie puis direction Bora-Bora, n'aurais-je pas déjà payé une dette certaine à la société ?

Vous avez aussi cassé la gueule de mon patient, remarque Eléonore. Vous êtes pressé, mais je ne comprends pas pourquoi. J'ai de la difficulté à vous imaginer improvisant quoi que ce soit.

C'est vrai, soupire Eric. Tout était si bien. Bora-Bora, la pipe, le fric pour s'y rendre et la justice qui cavale, c'était vraiment apaisant. Et puis en sortant, je me suis dit, mais vous savez comment c'est, on veut toujours en faire plus, bref, je me suis dit, mieux que me faire sucer à Bora-Bora, je pourrais me faire sucer par Sophie à Bora-Bora. Je suis là pour ça. Sophie. Je l'emmène.

Mais non, Eric. Sophie est fiancée. Avec un type un peu à la ramasse. Mais fiancée. Eric. Vous allez casser la gueule au monde entier ?

C'est tout le problème. Eléonore, c'est tout le problème.