vendredi 10 octobre 2008

Et tu ne peux plier

J'ai une profonde affection pour moi-même, oui. Ainsi, lisant l'ami Nikita, je me souvenais de ces quelques mois où je te coursais le train. Je m'arrangeais pour te devancer de quelques mètres à la sortie, espérant si laborieusement que tu me voies et que tu m'appelles. C'était une façon de te laisser le choix. Te laisser le choix, toujours, lorsque j'imitais Pinochet au téléphone, pour que tu puisses croire, du moins faire semblant de croire, que tout resterait infiniment léger, que tes errances feraient le quotidien morose de mes quoi ? Allez tous ensemble : mes espoirs. Mais je n'ai jamais eu cette force de caractère, et j'attendais, des lettres, des visites, des mails, des appels. J'attendais en te souhaitant tout le malheur du monde, puisque nous avons tous aimé les filles perdues. Et il est vrai que ce n'était pas de l'amour, car on ne souhaite pas le malheur aux filles malheureuses qu'on prétend aimer. C'est, entre autre, ce qui fait de moi un individu de la masse, qui ne vaut pas le coup plus qu'un autre. C'est pourquoi j'ai une profonde affection pour moi-même. Parce qu'il ne fallait pas t'attendre, et que je l'ai fait.

5 commentaires:

Dr Hiatus a dit…

Tiens.
Tu me diras, mais je crois qu'on s'est encore croisé dans la psychosphère, le texte que je viens de poster ayant aussi été écrit vendredi dernier...

Dr Hiatus a dit…

Je parle de tes dernières lignes.

Dr Hiatus a dit…

Le 3ème comment, c'est pour la gonflette.

Anonyme a dit…

Alors,

1) la période où la vie rêvée demeure potentiellement accessible

2) Le moment où on n'affirme plus (publiquement) y croire, mais où l'on peut encore ricaner sous la couette (en y croyant, hein, t'avais compris)

3) La fin, où il faut se satisfaire du peu

et, pour les chanceux :

4) L'instant où on réalise qu'on n'aura même pas été à la hauteur du reste

Soit, pour croire en la vie rêvée, il aurait fallu être à la hauteur (morale, hein) de ce qu'on croyait être. Ce qui n'est assurément pas moi, qui fait le désespoir de mes parents (et leur cause du chagrin). Non que les autres soient meilleurs, mais la question n'est pas de vouloir ce qu'on n'a pas, mais de comprendre pourquoi on ne veut rien tout en se plaignant de n'avoir rien. Ma réponse : je ne veux rien puisque je n'ai rien eu (de ce que je voulais). Hihi. Ce en quoi je suis un animal.

Dr Hiatus a dit…

Ben non, un animal ça veut pas, ça désire, ça obtient ou pas.

Sinon, ce serait super trop simple.

Là, en ce moment, j'en suis à me satisfaire de ne pas vouloir plus.

Ce qui est une hauteur morale.

Ce qui va bien m'obliger à soit me re-casser la gueule soit y rester.

Première option probable, selon la loi de la thermodynamique sur l'entropie.

Lois physiques selon lesquelles marcher est une suite de chutes.
Mais comme le resultat est une progression dans l'espace, un autre principe doit pouvoir s'appliquer.