vendredi 10 avril 2009

De la haine comme du Texas

Je peux essayer de transcrire ce qui m'agite et le mettre plus tard sur le blog. C'est un truc qui m'intéresse un peu. Mais je me souviendrai pas. Sauf si je prends des notes rapides, genre en mot-clés. Mais je vois pas trop comment faire. J'essaierai de me souvenir. Je reprends du début, pour que ça s'enchaine. Beatriz nous a plus ou moins invités. Ce qui est assez remarquable, c'est la position que nous avons adoptée, Audreyz et moi face à elle, Boriz décalé sur la tranche de la table, de sorte qu'aucun de nous n'est "à ses côtés". Je me marre doucement, pour la formule. J'ai une tendance un peu gênante à rire à la moindre connerie auto-suggérée. Mais c'est bien ça. Je suppose que chacun de nous a senti que Beatriz allait faire chier. Je me demande brièvement si j'ai cette même tendance à me plaindre en public, de façon inconsciente. A priori non. Ce qui conforte ce postulat : Beatriz fait chier. Pas loin, un mec qui parle à sa copine, il est assez classe mais parle comme une racaille. Pas agressif, mais une sorte de verlan en carton. Et des expressions type "v'là son délire, etc." J'ai toujours pas compris l'origine du "v'là", il le place toutes les deux phrases. Bon c'est chiant. Beatriz fait un putain de cinéma, elle est énervée, famille, impôts, et sa pute d'assoc'. Boriz sourit gentiment, je vois pas trop comment le dire autrement. Je me demande quelle tête je fais, du moins comment elle l'interprète. J'ai toujours l'air paumé, embarrassé, d'après moi. Mais c'est parfois pris comme un manque d'attention. J'essaie de me concentrer sur ce qu'elle dit, mais je suis un peu perturbé par l'idée de retenir ce que je pense. Audreyz, je n'arrive pas trop à me tourner vers elle, à le faire discrètement. Je l'ai trouvée assez jolie en venant, ça m'a surpris car jusqu'à présent, j'avais pas trop fait gaffe. Je repense à une histoire dans "Je bouquine" où une fille comprenait qu'elle était amoureuse du frère du mec qu'elle pensait aimer, mais qu'elle avait mis du temps à s'en apercevoir, il faisait partie du décor. Je me souviens plus d'où sortaient les auteurs de "Je bouquine". De vrais auteurs ou des mecs payés à la ligne ? Et comment en arrivait-on là ? Je me reconcentre sur Beatriz. Il faut que je modifie un peu ce qu'elle dit, sinon elle pourrait tomber sur le blog. Même si la coïncidence serait un peu grosse, c'est mieux. Je l'imagine faire une recherche google sur les sujets abordés dans une discussion de bistro. C'est complètement con, et je me marre en sourdine. Putain d'où j'ai choppé cette habitude de ricaner tout seul à mes conneries. Audreyz la relance, elle a l'air vachement concernée. je suis toujours faciné par les cheveux, c'est du moins le point de départ de tous mes attachements. Audreyz a les cheveux noirs, mi-longs qui disparaissent sous une écharpe rose qui contraste sa race. Rose et noir, c'est ce qui m'a attiré. Je devrais raconter dans le blog qu'à la fin de la soirée je me tape Audreyz, ce serait pas trop crédible, mais ça ferait une bonne chute. Encore ce ricanement d'abruti. Beatriz vient de dire qu'elle devait rentrer assez tôt, j'ai pas du tout suivi. Finalement le type au verlan de plouc est assez casse-couille, il parle fort. Je m'aperçois que je passe mon temps à penser du mal du reste. J'ai l'impression que c'est assez répandu, de penser du mal de. A peu près tout. Rien compris, si elle se casse et qu'on reste, on n'est plus invités ? Je m'en tape mais ça sert à quoi d'insister "mais alleeeeeez, j'vous invite", si c'est pour se barrer ? Sans déconner, elle voulait juste un auditoire ? On commande. je prends une Leffe, j'anticipe toujours le manque de choix et les discussions stériles ès-serveurs, Leffe c'est bien, tous les bars en ont. Comprends pas pourquoi d'ailleurs. Je dis à Beatriz "Mais on est tous persuadés que t'es une fille bien", sur un ton solennel surjoué, mais elle comprend pas l'ironie, ou elle s'en fout, et elle embraye. Audreyz en a carrément rien à foutre. Boriz me fait une sorte de sourire complice. Je me demande s'il a un sourire adapté à toutes les situations, genre "sourire numéro 6 pour le blaireau qu'a tenté d'être drôle". Ricanement d'abruti. Je me concentre un peu trop sur ce que je dis. C'est sans doute ce qui explique mon manque de naturel, en toutes circonstances. Audreyz a des tâches de rousseur assez discrètes. Je suis assez persuadé que c'est le combo Cheveeux noirs + écharpe rose X Tâches de rousseur ( mais discrètes, pas les purulentes des moches) qui a déclenché mon appétance. Je pense appétance te je me demande si c'est le bon mot, mais je procède souvent comme ça. Bref souvenir d'Echenoz parlant de la forme du mot dans une émission. Je me reconcentre sur Beatriz, je cherche un truc un peu malin à dire, histoire d'attirer l'attention d'Audreyz. Une formule un peu plus percutante, qui ne suffoquerait pas sa banalité. Quelques notes de "La fille du coupeur de joint". Tout le monde connaissait cette chanson en colo, sauf moi. Souvenirs de la colo. Je relance mollement Beatriz, qui s'en satisfait pleinement. J'ai envie de fumer, j'aime bien disséquer ces instants de manque, essayer de trouver ce qui se passe exactement, avant de fumer je n'avais aucune idée de la façon dont pouvait se manifester le manque. Je ne savais pas ce qu'était l'addiction, et j'étais curieux. Je pense "j'y ai gagné des réponses et des ennuis", ricanement d'abruti. J'irai bien fumer en écoutant le deuxième ending d'Hunter X, je me demande si beaucoup de gens associent les pauses clopes à la musique, si c'est un réflexe assez partagé ? Audreyz est passionnée par les tirades de Beatriz, soit elle fait bien semblant, soit elle est complètement conne. je me fais confortablement chier. Je me demande dans quelle mesure cette appétance surfaite correspondrait au besoin de justifier ma présence. Dans quelle mesure l'écharpe rose est un prétexte à ne pas regretter. Boriz précipite la conversation dans l'actualité, la video du mec qui se fait frapper dans le bus. Ils se coupent la parole pour reformuler les mêmes idées avec leurs propres mots. Ils sont tous sur l'exacte même ligne. Et ajoutent des anecdotes personnelles, pour montrer qu'ils connaissent la vraie vie. Mais sont assez éduqués pour ne pas sombrer dans le racisme. Je pense à Soral, supposant que c'est l'exacte raison qui l'a poussé à rejoindre le FN, non pas la haine de la pensée unique, puisque celle-ci, en particulier, à defaut d'être originale, me paraît assez indiscutable, mais cette forme de discours, ce caquettement ravi d'être en bonne compagnie et d'avancer des "idées", sur lesquelles on est d'accord, entre-nous. Mais Soral a peut-être d'autres raisons. J'ai une tendance assez chiante à jouer les apatrides de l'entre-nous.

1 commentaire:

G. a dit…

Je pense que Soral est dans une logique de rebel, et il en faut. S'il a rejoint le FN (qu'il a quitté depuis) c'était avant tout en opposition à l'extrême gauche de Besancenot dans laquelle il ne se reconnait pas.
Après le "entre nous", dès qu'il en a l'occasion il va débattre, et souvent ce sont juste les gens qui n'ont pas les couilles de riposter (ou qui sont d'accord mais qui s'écrasent le reste du temps).

Heureusement qu'il y a des gars comme Zemmour ou Soral pour contrebalancer avec cette pensée unique (en fait la pensée de la communauté en vogue, bref quelque part on est sous une dictature discrète, ceci dit c'est très exagéré, et oui, il faut juste pouvoir se retrouver entre gens qui pensent pareil de temps en temps, ça fait pas de mal).


Bref, de toute façon j'ai d'autres projets, mais je tiquais là-dessus cher Mr. End. A vrai dire les gens comme Val ou Pascale Clark(e?) me donnent envie de gerber, le entre-nous généralisé à ce qu'on suppose être toute la france bien pensante ajouté à ce sentiment d'autosatisfaction de représenter la Justice et le Bien me donnent une grosse envie de gerber.


Vive les Guns N' Roses bordel de merde, s'il vous plait.